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Laura 25 ans

Dimanche matin, au local du club. Après un bon échauffement sur la pente école, petite pause café où je retrouve plusieurs pilotes qui discutent thermiques, météo, décollage... et là fatal ! un des pilotes se tourne vers moi : "Alors, Laura, t'y est venue comment toi au delta ???"
Gloups ! Va dire à tous ces passionnés que tu as commencé complètement par hasard !! Que vu qu'il me restait une semaine de vacances à tuer je m'étais dit : "et pourquoi pas ?"

Et me voilà à déplier pour la première fois un delta.
1ère leçon : le porter... Tiens, tiens, ça pèse le truc. Finalement les vacances-repos ne seront pas pour cette fois...
2ème leçon : courir avec... Chouette ! moi qui ai horreur de courir... Encore une bonne idée que j'ai eu là. La prochaine fois c'est décidé : bronzette dans le jardin !
Et là commence la rigolade : courir en portant correctement un machin de 25 kilos et de près de 10m d'envergure...
"Trop cabrée ton aile !", "Ne t'appuie pas sur tes montants !", "Donne ton corps à la pente !", "Plus longues les foulées !", j'en passe et des meilleurs... et quand tu arrives en bas, il faut tout remonter !!!
Enfin, le bon côté c'est que j'ai découvert des muscles dont je ne soupçonnais même pas l'existence (la majeure partie en fait).
Et puis à un moment, va savoir pourquoi, l'incidence de l'aile est correcte, la course sans être parfaite n'est plus aussi mauvaise, un petit vent de face pour parfaire le tableau et me voilà en l'air...
Ca a du durer 5s et mes pieds ont décollé de 20cm maxi mais JE VOLAIS. Attéro sans bobo et là j'entends à la radio : "Et voilà, c'était ton premier vol !". Alors évidemment un poète pourrait écrire des pages sur les sensations que tu éprouves à cet instant mais en me détachant la seule chose à laquelle je pensais était : "QUEL PIED!" avec un sourire jusqu'aux oreilles et une énorme envie de rire.

Et c'est comme ça que j'ai commencé à apprendre la base du vol libre : la patience, "c'te p..... de patience" comme disent les experts.
D'abord, composer avec la météo : pluie, vent arrière, vent travers, vent trop fort pour débutants... je crois que j'ai tout testé. Ensuite, viennent les journées-galère où aucun décollage ne se termine sur les pieds, où les ronces que tu es sensée ignorer t'accueillent à bras ouverts, où tu découvres que, finalement, un casque peut être drôlement utile... bref les journées-galère.
Et pendant que j'apprends ces bases, autour on commence sérieusement à s'inquiéter : "Ca va aller ?", "Regarde Machin combien de temps il lui a fallu pour apprendre", "Toujours motivée ?"...
Alors évidemment je ne peux pas affirmer aujourd'hui que je ferai du delta toute ma vie. Mais croire que quelques égratignures (tant au physique qu'au moral) me feront tout plaquer, c'est juste oublier qu'un matin d'août, pendant 5 secondes, j'ai volé pour la première fois et qu'aujourd'hui, ce que je veux entendre à la radio c'est : "Et voilà, c'était ton premier grand vol !" et ne rien répondre parce que ce n'est pas évident de rire et parler en même temps.