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Espagne 2005

(Jusqu'au bout du rêve)

C'est devenu un rituel, 11 ans déjà que chaque année on s'évade en Espagne.
Au fil des années des années la caravane s'est allongée au point que cela devenait un paramètre à tenir compte lors des déplacements afin d'optimiser la météo.

2005: Retour à de l'authentique, du pur et dur, Louis Cross a bien résumé la situation avec cette annonce faite à tous les pilotes avant le départ:

Cette année est placée sous le signe du retour aux sources.
Le lieu privilégié est celui où nous n’aurons ni eau ni électricité, 1 ou 2 arbustes en guise de WC public.

L'Egypte c'est 300 Euros la semaine et vous sauvez votre couple...

L’état d’esprit est donc celui de la recherche des meilleures conditions météos même si l’on doit changer souvent de site. On va manger des kilomètres au sol comme en l’air :-)

Cacéres, imaginez un aérodrome aux portes du désert, de l'eau à un garage à plus de 7 kilomètres, de l'électricité uniquement avec les onduleurs de voitures. Il y a de magnifiques chênes lièges et chênes verts qui font une ombre drue mais à 2 kilomètres en lisière du terrain.
Les tentes s'agglutinent derrière l'ombre des hangars.
Bref, comme le dit Louis, le site idéal pour tester votre couple.
Personnellement j'aime bien les hôtels 4 étoiles, mais pour l'aventure en delta je serais prêt à dormir sous les ponts.

Et entre 2 hangars à l'abandon, Claire et Fredo sortent leur toile de tente Mauritanienne de leur dernière expédition au mali ce printemps. Le soleil tombe, la nuit apparaît intense et lumineuse. La magie est là, un repas royal agrémenté des meilleurs crus amenés par Jean-Marc Troussard et sous le contrôle toujours par Louis nous attend. Les premiers voisins sont à plus de 5 km, on est seul au monde, demain la journée s'annonce belle.

En plus les conditions sont souvent dures, avec des thermiques pur 80% du temps et des plafonds médiocre 1500 à 2000 mètres mer (Alt Cacéres = 420m). Mais le potentiel est énorme avec des sierras, des lacs, des petits déserts à perte de vue, de 450 à 600 km par vent d'Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Sud.

Donc d'entrée Cacéres direct (1000km de Toulouse 1800 de Chaumont pour Bruno Capelle).

Les 2 premiers jours sont moyens avec des distances de 140km mais parfait pour une mise en jambe. Mais dès le second jour notre prévisionniste Espagnol Benjamin nous annonce un plafond de 4700 m sur la Maseta pour le surlendemain (Plateau continental de Valladolid au nord de la cordillère de la Gredos et Guadarrama).

4700 mètres !!!??? non, bon on connaît les prévisionnistes, ce sera pas mal si on a 3500-4000 et qu'il ne fait pas d'orage. Toutefois, la décision est vite prise le camp est levé cap vers Avila pour rejoindre la base d'El Fresno sur les plateaux.

Décidemment cette année part bien, le vent se met au sud pour nous amener vers Avila. Le vent est faible, poussé par notre désir de découverte avec Jean et Bruno on fait une ouverture à l'ouest pour un éventuel futur décollage du Portugal afin d'accroître le potentiel distance. Après 65km vers l'Ouest, cap au Nord-Est vers Avila et avec un plafond de 2200m, avec Bruno on parvient à passer le verrou de Bejar et on se pose à Pedrahita où Roger Dupenne m'attendait à l'atterrissage avec une bière fraîche après un vol de 245km.

Avila c'est la base 4 étoiles: De l'herbe partout, une aérodrome pour nous, des appartements pour ceux qui veulent. Et surtout le bar nous est ouvert avec usage exclusif, cuisine et congélateur compris.
Et incroyable, Benjamin le matin il maintien toujours ses prévisions, je décolle à 12h15. le ciel est bleu, d'entrée je monte à 2700m dans un bon vario, je vois des cumulus sur Guadarama mais c'est à 60km de là et il faut d'abord faire de la plaine en pur. La progression est facile et les plafonds montent. J'envisage d'entrée de faire un 400 km en aller retour avec un point de virage à 150km vers Arcones sur les sierra de Guadarrama puis d'Ayllon et ensuite de descendre vers Pedrahita de 50km et de revenir. La progression est rapide je laisse tout à moins de 2 mètres et je ne fait vraiment le plafond qu’au kilomètre 95. Je suis un alignement jusqu'au km 148 et ensuite je décide le demi-tour à 15h07, le retour est aussi rapide entre 4000 et 4800m. Il fait -10°C je suis frigorifié cela fait 3 heures que je ne passe pas sous les 3800m Pourvu que ce cumulus ne tire pas, super c'est bon 1,5 mètres 2 mètres pas assez je continue… 2,5 – 3 -3,5mètres, m….. je dois spiraler, c'est reparti fin du thermique à 4800 à 100 mètres des bases dans un froid intense.

Louis Cross, lyrique, au plafond voyant les cumulus "crémeux" par leur condensation en glace décide de manger une barre vitaminée à 4500m. Alors qu'il avale la moitié de sa barre il s'étouffe, tente de respirer par un coin de la bouche, s'étouffe encore plus, recrache la moitié de sa barre en tapissant son casque et ses lunettes et part à 90° de la trajectoire. Au final il aura quand même mangé ¼ de sa barre, pourri son casque et stabilisé sa trajectoire 1000 mètres plus bas.

Le timing est excellent il est 18 heures, j'ai fait 290km à plus de 50 de moyenne et je vais peut être me taper un 450 bouclé, quand soudain je vois les cumulus disparaître devant moi. Jean, Fredo et Bruno se posent sur la base 20 mn plus tard. Une entrée d'ouest a refroidit le sol et arrête brutalement la convection.
J'ai vraiment les boules, je décide d'ouvrir de 5km à l'ouest pour faire un vrai 300km quand par chance je trouve un vario qui 20 minutes plus tard me laisse à 4400 mètres du coup j’avance vers l'ouest de 28km afin de faire le 350. Je ne chute presque pas et j'ai envie de continuer 25 km de plus pour le 400. Mais le ciel est bleu et le sol froid, et les thermiques absent. Je "sécurise" donc le 350 et arrive sur la base avec 2000 mètres de marge je regrette de ne pas avoir Jean avec moi, on aurai joué les 2 options.

La quasi-totalité des pilotes ont battu leur record d'altitude entre 4600 et 4800 mètres avec 3 pilotes avec des circuits de plus de 200 km pour leur première fois: Nicolas, Jean-Marc, Fredo.

Le lendemain la prévision est sensiblement la même!!! On décide d'ouvrir de 200 km vers Arcones, Le plafond cette fois n'est faisable que 100km après le décollage, je cours avec Bruno après Jean qui fait plus de 60 de moyenne, le vent d'ouest est déjà présent mais les conditions sont meilleures. Sans jamais faire les barbules avec Bruno et Jean on tourne au km 170 à 4700m, il est 16H00. Le retour est facile, mais en revanche le terrain dessous est hostile sur 30 km dans le parc national de Ayllon
Nous revoilà sur Arcones, le plafond est encore monté et je me trouve loin des bases, je regarde le cumulus haut comme au sol à Poitiers sans comprendre, oui mon alti affiche bien 4100 m !!!!. Je fait finalement les barbules je suis à 4900 mètres au vario et 5100 au GPS, jean 10 minutes plus tard pulvérisera le record de l'expédition à 5042 mètres vario et 5250 mètres GPS. Incroyable!!! Dessous à 17H00 les 80 ailes du championnat d'Espagne n'ont toujours pas décollé! Il feront finalement un 120km ce jour là et n'avait pas bouclé un 160 la veille.

Malheureusement le vent d'ouest rentre encore plus fort et lamine les thermiques, je finis à 30 km de la base. Et Jean 10 km derrière moi. Il avait un 400km en souple dans les doigts et peut être encore un 450 en rigide.
Jean boucle quand même un 240 en souple avec 40 km de distance et moi un 280km en aller retour. Ce jour là Pedrahita était indécollable, 5 ailes ont été cassées à Arcones dans les dusts!!

Le soir l'ambiance est EUPHORIQUE, je suis épuisé des 23 heures de vol en 3 jours. Je n'ai pas la condition physique et je dors moins que je vole. Il y a 10ans avec Jean on avait volé plus de 53 heures de vol en 7 jours avec 7h30 à 8heures tout les jours. Heureusement le lendemain le plafond s'écroule à 3 500 mètres (!) avec un vent de nord-est et des conditions inhomogènes et je ne ferai que du grand local. (Quand j'y pense du local avec 3500m!!).

Le surlendemain on décide de redescendre sur Cacéres. Bien que les conditions là soient beaucoup plus modestes on fera 2 jours à plus de 300km dont un survol de la base d'Alcazaren (km 272) près de valladolid.
Cette année encore il ne fait pas assez chaud et les journées finissent à 7-8 heures au lieu de 9-10 heures. Mais beaucoup ont amélioré leur meilleure distance et tous la première semaine on fait leur gain en altitude.

C'est déjà les derniers jours, une traîne de Nord Ouest passe par Cacéres et c'est reparti pour de la distance libre vers la sierra Segura. Le départ est du Cacéres nominal: thermique pur petit plafond, on tiens l'air difficilement avec Bruno durant 140 km.
Systématiquement, me connaissant je la joue défensif en arrosant le sol plusieurs fois avant le décollage ayant de grosses difficultés à uriner en l'air, mais là j'ai une envie prenante depuis le départ. Cela fait 2 heures qu'on vole, ça me prend vraiment la tête et occupe 50% de mes neurones.
Par pudeur dans l'angle mort de Bruno, j'ouvre mon harnais et la met à l'air, 20 minutes plus tard je remballe l'instrument ratatiné par le froid à 5°C et pas une goutte comme résultat.
Le temps passe, l'Atos VR suit facilement grâce à la différence de performance l'Atos de Bruno, j'en suis maintenant au stade annal, je ne pense qu'a ça!
Malheureusement Bruno tombe après une transition tendue, plus haut je raccroche, mon appendice s'étant réchauffé, je re-essai. Et re-échec!
Ok, ce sera donc les grands moyens. Je rouvre le harnais, monte dans le trapèze met les deux pieds sur la barre de contrôle, bien décidé à me pisser dessus. 300 mètre plus bas, je sors 3 misérable gouttes. Dépité je me rallonge, là, ma vessie se décoince 2 secondes pour verser sur mon jean 1/10 de mon envie. Passablement énervé je me remet en position et ferme le harnais.

Ouuaaahhhhh!!!!!! P….. une douleur fulgurante me remonte le long de la colonne, je viens de me la coincer dans la fermeture. La douleur me paralyse, je réfléchis enfin j'essaie, je remonte la fermeture (très doucement) dans un sens c'est pire, et dans l'autre pareil. Je peut pas me poser comme ça, je tire alors délicatement sur la peau, celle –ci vient. Super, et m… ça viens plus, j'ai pas le choix après 3 seconde d'hésitation, je tire d'un coup sec.
Ouuaaah!!!! Je viens de me déchirer le "divertisseur", Je regarde c'est le sang qui goutte petit à petit, cette fois ci je met la main pour me protéger et referme le tout.

La douleur est sourde mais celle-ci me distrait à celle de mon envie. Je poursuis comme cela pendant 2 heures. Finalement à 18h30 au km 295 je tente un dernier essai et …. formidable ça marche enfin, le pied intégral, ça y est je suis de nouveau à l'attaque.
Et … 5 minutes plus tard je suis posé. Voila, voila, voila, super …!
Ok mais pour ma défense le sol était spongieux il avait plu au moins 20mm sur la plaine de la Mancha la veille.

C'est sûr les 500 km en circuit sont désormais jouable avec nos ailes, et c'est comme les surfeur il faut la vague: La journée homogène de 10 heures.

La logistique fut excellente tant Claire, Isa, et Martine ont assuré au niveau de l'intendance et des repas dans le désert.

Il ne faut pas croire que l'Espagne soit pas un spot facile et surtout Caceres mais les conditions sont régulières, l'espace immense, l'accueil exceptionnel, c'est un vrai bonheur d'être entre amis, de voler tous les jours et d'avoir la perspective de faire les meilleures distances Européennes. Les terrains pour se poser sont immenses et le téléphone passe partout.
Cette année sur 14 jour j'aurais fait 1 circuit de 350km et 280 bouclé, 2 distances de plus de 300km dont une de Cacéres ou j'ai fait la verticale d'Alcazaren, et 2 jours ou je me suis volontairement arrêté.


Gil

L'Atos VR est une aile vraiment performante ainsi qu l'Aeros de Jean qui rivalise largement avec les Atos classiques.